En préparation pour juin 2010, un stage de formation à la direction d’acteurs à l’usage des jeunes réalisateurs


Stage « Le Grand Jeu »

 

Premier constat :

Le réalisateur travaille contre la montre, avec la peur panique de

« mordre le trait », c'est-à-dire de DÉPASSER. L’angoisse du dépassement est un dragon qui rode sur le plateau dès la première heure.

Deuxième constat :

Les temps de tournage se précipitent et il n’est pas rare qu’un réalisateur doive mettre dans la boîte six à sept minutes utiles par jour, parfois plus.

Troisième constat :

Les outils sont de plus en plus complexes et difficiles à gérer : deux caméras sinon trois, steadycam, équipes pléthoriques.

Quatrième constat : Quelles que soient la beauté des images, la virtuosité des mouvements, l’originalité des effets, ce qui fait le film, c’est encore et toujours l’histoire et les acteurs. Les acteurs, ces monstres merveilleux, angoissés et insouciants, faciles et impossibles. Le réalisateur disposera d’une petite poignée de minutes par jour pour les flatter et leur serrer la vis, les retenir et les pousser. Une poignée de minutes où presque tout se joue : la direction d’acteurs, le grand jeu !

Cinquième constat : Le jeune réalisateur a souvent peur du contact avec l’acteur. L’acteur est différent du technicien : il a une sensibilité à fleur de peau, il est fragile, imprévisible. Aller au contact avec lui est une « rencontre du troisième type ». C’est normal : le comédien a un statut émotionnel différent. Tout réalisateur devrait impérativement faire l’expérience de jouer devant une caméra pour ressentir ce qu’il ressent, c'est-à-dire une vibration angoissée de toute sa personne.


De nos jours, dans les conditions actuelles de travail, la direction d’acteurs est-elle encore possible ou faut-il laisser les comédiens livrés à eux-mêmes ou à la discrétion d’un coach ? Comment mettre à profit le casting pour enrichir son approche des personnages ? Comment tirer partie au maximum de la préparation pour faire avancer les acteurs ? Comment optimiser une journée de tournage et aller directement à l’essentiel ? Comment gérer les répétitions plateau ? Sont-elles nécessaires ? Faut-il modifier le dialogue en cours de répétition ? Comment transmettre son désir à l’acteur sans le froisser, ni le paralyser ? Comment réagir aux propositions de l’acteur ? Comment éviter les situations de crise qui font perdre du temps ?


Voilà un certain nombre de questions qui seront abordées au cours du stage et permettront aux jeunes réalisateurs d’affronter le grand jeu. Il est bien entendu que des comédiens tantôt débutants, tantôt chevronnés et connus, participeront au stage et permettront aux participants de mettre en pratique ce dont il aura été débattu et ainsi de se « faire la main ».

Quelques unes des lignes de force du stage :


- La direction d’acteur commence au casting.

Profiter du casting pour affiner sa conception des personnages. Même les acteurs qui ne sont pas retenus peuvent contribuer à la construction d’un rôle. De l’importance des petits rôles et des rôles secondaires : une scène n’est jamais plus forte que son élément le plus faible. Le comédien qui donnera le plus d’épaisseur au personnage n’est pas obligatoirement le plus évident. Une pincée d’inattendu peut parfois enrichir le rôle.


- Le travail à la table ou la lecture.

Il est indispensable. Il permet de pousser l’acteur vers le personnage et le personnage vers l’acteur. De leur permettre ainsi de se rejoindre. Tout ce qui est accompli hors de la tension du plateau produit des intérêts pendant les prises de vues. Par exemple les retouches au dialogue apportées à ce moment là évitent les mauvais choix effectués dans la panique du tournage. La lecture est un pacte passé entre le réalisateur et les acteurs.

Essayer d’être le moins théorique et le plus concret possible. Plus les indications sont abstraites, plus le comédien est inquiet. L’acteur, de par la position qu’il occupe, entre virtuel et réel, est une mécanique à produire de l’angoisse.


- Le travail sur le plateau.

La direction d’acteur doit naître de la scène. La scène bien comprise engendre des déplacements et un rythme. L’acteur devra entrer dans ce rythme et trouver le tempo juste. Un acteur qui ne joue pas dans le bon tempo sonnera faux comme un instrument mal accordé. Ne jamais contraindre un acteur au profit d’un beau mouvement d’appareil. Le comédien aura souvent tendance à vouloir abstraire son personnage pour se protéger. Au réalisateur de le ramener inlassablement et d’une main ferme vers le concret.


Enfin, un point capital : le réalisateur est le PREMIER spectateur de l’acteur et doit s’en montrer digne. Ce qui nous conduit à la vertu principale du réalisateur : la BIENVEILLANCE.

Au moment du « Partez ! » l’acteur est un enfant. Cela ne sert à rien de hurler après un bébé, ce n’est qu’un aveu d’impuissance. Le bon réalisateur est celui qui n’utilise pas son pouvoir.


- La direction d’acteur continue au montage.

L’acteur est encore vivant sur la table de montage. Le grand jeu se poursuit. Il est possible de modifier un personnage, de lui donner de la profondeur, des incertitudes ou de la force.


A ces conditions, LE GRAND JEU peut devenir le plus beau moment de ce métier.

Visitez le site qui présente le stage « Le Grand Jeu » : www.le-grand-jeu.fr